Privatisation

Depuis les années 1980, la privatisation est une caractéristique centrale des réformes qui sont intervenues dans le système de santé au Canada. La privatisation n’est pas un processus tout simple : c’est une philosophie et une série de pratiques qui brouillent les lignes de démarcation entre le public et le privé en matière de propriété et de responsabilité. Elle peut prendre la forme de frais d’utilisation, de franchises ou d’autres formes de rétribution au privé en échange de services de santé. Elle peut également impliquer l’élimination de services auparavant couverts par le régime public d’assurance-maladie ou la diminution du montant couvert et la disparition de certains types de soins auparavant dispensés en établissement hospitalier.

Conscient du fait que les femmes sont les principales dispensatrices et utilisatrices de soins au Canada, le groupe Femmes et réforme du système de santé a commandé aux Centres d’excellence pour la santé des femmes une série de recherches sur les effets potentiels de la réforme du système de santé et de la privatisation sur les femmes à travers le Canada. Les résultats de ces recherches montrent que la privatisation a beau être généralement perçue comme étant une notion économique, il reste que des aspects sociaux doivent aussi être pris en compte.

Plus particulièrement, les femmes paient le prix de la privatisation des coûts, du travail soignant, de la responsabilité, de la prestation des services et des pratiques de gestion. Avec un revenu moyen inférieur et un taux de pauvreté supérieur comparativement aux hommes, les femmes canadiennes sont moins susceptibles de disposer des ressources financières nécessaires pour compenser le coût de la privatisation des soins de santé. Puisque ce sont les femmes qui continuent d’assumer la responsabilité de la majorité du travail soignant rémunéré et non rémunéré, ce sont elles qui sont le plus affectées par la diminution des dépenses consacrées aux soins en établissement. Ce sont elles qui compensent financièrement et socialement le pelletage de l’institutionnel vers le communautaire et le domicile, et ce sont elles qui doivent s’organiser avec le manque de personnel, la charge de travail accrue, l’augmentation du stress et la multiplication des accidents du travail, conséquences directes de l’adoption et de la mise en œuvre des principes de gestion du secteur privé à l’échelle du secteur des soins de santé.

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